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Exécutions à la scie sauteuse

Les Tueurs

21/11/2007 09:51



Les faits de ce récit (je devrais plutôt dire carnet de notes,...) ne se sont peut-être pas forcement passés tels quels.

Mais comment alors ces souvenirs, ces images, ces odeurs, ces bruits me paraissent si réels? Pourquoi essayer de les écrire, ou de les peindre, de les découper? Quelle partie de mon âme a été tellement noircie pour que j' éprouve le besoin de l'éclairer, de la partager?


"Les tueurs"

Les tueurs, les bons, ne laissent pas de traces, sauf peut-être dans la mémoire des gens.


Je devrais dire "abatteurs", mais c'est comme ça qu'ils se nomment eux-mêmes. Ces gens, bardés de tronçonneuses, de fusils, de couteaux, de pistolets, baignants dans une ambiance humide et chaude sont joyeux.
Les traces qu'ils ont laissés réapparaissent parfois, c'est le cas ces temps-ci...

Retour en arrière, je devais avoir 17 ans:

Mon père:

-"tu dois trouver un travail pour l'été! Je vais voir s'il y a une place à mon travail!"

Moi:

-"Bon, bon, ok!"

Je pensais plutôt stupéfait : merde, non, pas ça!


Retour encore plus loin, 8 ans:

"La Honda"


Je suis dans une voiture toute petite, une Honda, elles sont vraiment trés petites ces voitures, et légères, au point qu'elles se déplacent à la main pour les garer, on dirait un cadeau sorti d'un paquet de Bonux, ou bien une voiture pour gens petits. C'est sûrement l'hivers, j'écoute la radio, soudain des cris, j'essuie la buée et regarde dehors : un veau court dans cette rue déserte! Mais putain! Où je suis là?

Dans un bleu de travail dont il avait coupé les manches,un tablier de protection relativement blanc qui descendait bien bas sur ses bottes (je les voyaient à peine) mon père apparaît et tape à la vitre de la voiture. J'ouvres.

-"Tu bouges pas de là! Il s'est échappé!"...

C'était peut-être une truie, un verrat, simplement un cochon...

Je me retourne vivement pour suivre la fuite de l' animal, il avait disparut. Mon père aussi avait disparut...sûrement emporté par l'angle de la bâtisse.

Une bâtisse solide, rectangulaire, faite pour durer, toute en pierres de taille, des pierres grises dures, humides et froides, une couverture en ardoises noires...
Une rangée de vasistas fermés, placés si haut que je ne comprenais pas comment ils s'ouvraient...Ni qui les ouvraient. Cette bâtisse était entourée sur trois côtés par une autre bâtisse plus grande. Là, je m' aperçus qu'on pouvait en faire le tour, qu'il y avait une sorte de cour intérieure ouverte. Mon père, ou l'animal, ou bien les deux, devaient donc normalement réapparaître par cette issue là...

-"Un château fort?"
"Non!"
"Le château fort je le vois d'ici! C'est pas le château fort! C'est le travail de mon père!"

Pensais-je


Mais pourquoi n'y avait-il pas de couleur? Je cherchais des taches, des traces, des images en couleurs, il n'en existait pas de cet endroits dans ma mémoire... enfin...à cet endroits là...







Le Tueur de couleur

22/11/2007 10:38







"Le tueur de couleur"

Retour entre les deux, peut-être avais-je 9 ans:


Mon père:

-"Viens! je vais te présenter les tueurs!"

Bah! Mon père est là après tout! Je le suivi... Puis je me souvenais de cet animal qui s'était échappé quelques temps auparavant, j' était curieux de découvrir par où.
Ils étaient cinq, peut-être six, mais je ne voyais pas bien. Malgré les trois grandes ouvertures de cette bâtisse, certains semblaient cachés, ou bien je ne voulais pas les voir...
Tous d'immenses bonhommes, deux se ressemblaient étrangement (je les confondrais tout le temps ces deux là), peut-être à cause de leur moustaches et de leur grand sourire, des gaulois du village d' Astérix, très sympathiques.
Un autre au regard plus dur, aux cheveux sombres, très musclé, plus que les autres, visiblement occupé.
Puis encore deux autres, un courbé sur une table au fond de l'immense salle, l'autre en haut d'une échelle.

Je n' osais pas m'approcher bien sûr, presque à tenir le bras de mon père, puis je vis un autre homme et je fus effrayé, vraiment effrayé!...

Pourquoi alors, m' écriais-je? :

-"Papa! Papa! Regarde! On dirait un singe!"......

Visiblement tout le monde m'avait entendu, même le tueur du fond qui s'était redressé, s' était arrêté.

Mon père, surpris et en colère (mais une sorte de colère calme), autoritaire, dis :

-"Tu vas t'excuser de suite!"

Il me poussa légèrement en avant, vers lui.

Je devais donc, pour la première fois traverser cette cour humide et gris sombre, et je m' apercevais en regardant autour de moi qu'elle pouvait être close. Que d'autres personnes travaillaient là aussi... que c'était dans cette cour que l'animal avait disparu...

-"Pardon Monsieur!"

Balbutiais-je en larmes.

Cet homme à la peau noire, avec un grand sourire, mais un couteau à la main (quand même), me répondit en riant :

-"Ce n'est pas grave petit, ce n'est pas grave!"

Je ne me souviens pas fidèlement des mots de son pardon, mais par contre parfaitement de la réflexion de l' homme au regard dur et sombre:

-"Ici on pardonne pas: on tue!"

Je retournais vers mon père.






Le ventre de la cour

26/11/2007 15:55

Le ventre de la cour





Zobjets volants non identifiés

28/11/2007 06:53





"Zobjets volants non identifiés"


Je me souviens de cette photo noir et blanc prise le jour de Noël par mes parents. Je me souviens aussi du moment, j'avais six ans. Que de cadeaux! Que de cadeaux pour un si petit bonhomme, comment avais-je mérité ça? Moi qui me battais quasiment tout les jours à l'école, qui brûlait des tas de feuilles mortes avec des loupes l'automne, qui regardais par le trou des serrures des toilettes pour voir mes camarades, qui avait si peur la nuit des yeux devant moi qu'il fallait changer les draps tout les jours...
Un gigantesque sapin trônait dans un coin de la salle à manger, des cadeaux, mes cadeaux, tellement nombreux qu'ils avaient poussé la table et les chaises loin. Un cheval à bascule en plastique blanc, un circuit automobile, un robot de l'espace, des soldats, des légos, un mécano, des animaux, un nounours, et une girafe plus grande que moi, si douce, si belle, si fine, j'entrepris d'enlacer la girafe...

-"Voilà!" dis mon père dans sa tenue de travail. Il m'avait donné la même que la sienne, sauf mes bottes qui était marrons, alors qu'eux avaient des bottes blanches, enfin... blanches...
Un calme parfait régnait dans la cour, presque personne n'était là, pas de tueurs, pas d'animaux. Seule l'équipe de tripiers, dont faisait parti mon père, s'affairait encore à nettoyer je ne sais quoi. Enfin, si je sais, mais je ne raconterais pas ça.

-"Ton chef ne vas pas tarder, tu verras, il est gentil! En l'attendant tu peux commencer à charger les peaux dans cette brouette!".

Il me montrait un tas informe, c'était des peaux de veaux, seulement les peaux, sans les veaux dedans! Je m'exécutais donc. Qu'avais à faire d'autre? Le soleil pointait vraiment maintenant, une belle lumière chaude d'été commençait à baigner la cour et réchauffer les pierres grises de ces bâtisses. Il étirait l'ombre des tripiers et leur brouettes sur des longueurs immenses. Il commençait à faire sécher la cour sombre, de la vapeur s'élevait doucement. Je comprenais que le travail avait commencé tôt, quatre heures du matin pour être précis, que les tueurs étaient affairés ailleurs, tant mieux. Les peaux étaient chaudes, propres, mais humides et visqueuses. Il fallait que je les serre de toute mes forces pour qu'elles ne m'échappent pas, puis les lever assez haut pour pouvoir les jeter dans la brouette. J'ai vite compris que le côté poil glissait moins que le côté peau. Je comprenais aussi pourquoi une tenue de travail avec un tablier de protection était nécessaire, les peaux flasques avaient tendance, suivant mes gestes, à s'enrouler autour de moi, à coller, à faire un manteau ventouse. Le côté poil moins...

Mon chef, venait d'arriver, un petit homme un peu rond, élégant, presque coquet, il devait avoir la cinquantaine. Son regard doux et son sourire me rassurèrent. Je ne me souvient pas de son nom, dommage.
-"C'est bien que tu soit là, il y a du boulot ce mois ci! Suis moi! Je vais te montrer notre travail! N'oublies pas la brouette!" Dit-il.
J'entrepris donc de le suivre, drôle de démarche cet homme, puis ce petit foulard, enfin... Je n'aurais pas du charger la brouette autant, les peaux du dessus glissaient à traîner par terre, je devais les rattraper pour ne pas à avoir à les ramasser encore. j'étais déjà trempe de sueur, visqueux, jusque dans les cheveux.

(à suivre)


Je me souviens...

28/02/2008 14:17

Je me souviens...


Mal!...^^...
En effet la photo est en couleur, et je n'ai visiblement pas six ans.





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